Agnès et les autres : conversations

2010-2016

Avec Agnes M.

« Avec Agnes M., tu fais plus que débattre des écrits et des titres. Tu te débats, semble-t-il, dans une matière textuelle qui ne te convient pas et te laisse intranquille. Je suis saisie par la vigueur des interventions critiques que tu adosses à l’immense hommage que tu lui rends. Comme elle-même le faisait en emplissant ses carrés parfaits de rectangles irréguliers tracés de sa main humaine mûrissante, je sens que tu cherches à produire «a sort of contradiction, a dissonance» entre ses propos inspirés, éthérés, universalisés, et ta peinture influencée, matérielle, située. Car, sous ta lorgnette, ses grilles de peintre idéaliste et solitaire deviennent une affirmation de l’artiste en ménagère – une autre forme de l’humilité, aurais-je envie de glisser à l’oreille d’Agnes. »

Anne-Marie Ninacs, « Lovely Life », dans Anne-Marie St-Jean Aubre, Monique Régimbald-Zeiber et al. Les ouvrages et les heures… et les restes, 2020, Joliette, Rouyn-Noranda et Montréal : Musée d’art de Joliette, MA – Musée d’art de Rouyn-Noranda et Éditions les petits carnets, p. 101.

2012-2019

Série Conversations

« ‘Les femmes parlent trop, elles jasent, elles caquettent, elles piaillent.’ Pourquoi la parole quotidienne des femmes ne relèverait-elle que du babillage, de l’anecdote ou de la chronique? Les oeuvres de MRZ ne seraient-elles donc que cacophonies? L’artiste refuse de dénigrer ces expériences qu’elle traite avec une attention respectueuse en reprenant les mots des «grandes romancières» et des «filles tassées».

Voici les autres… celles que les cartels ou les titres ne nomment pas et qui sont là, entassées, empilées, parlantes et criantes […]: Hannah Arendt, Gabrielle Roy, Emily Carr, Elfriede Jelinek, Simone de Beauvoir, Claire Bretécher, Nelly Sachs, Nadia Boulanger, France Vernier, Anna Politkovskaja, Anna Akhmatova, Leslie Kaplan, Jane Campion, Marguerite Duras, Mireille Dansereau, Diane Létourneau, Colette, Christa Wolf, Julie Bélisle, Marie Brassard, Nina Berberova, Julie Doucet, Nancy Spero, Marie-Claire Blais, Germaine Greer, Mavis Gallant, Eva Hesse, Germaine Guèvremont et tant d’autres toujours en attente d’un reste de toile, d’un bout de lin… »

Anne-Marie St-Jean Aubre, « La commissaire », op. cit., p. 28-29.

« Te voilà devenue peintre d’histoire, affairée à toucher la peinture de la main, une peinture manuscrite qui retouche le récit des femmes par le truchement du texte littéraire, ici Anne Hébert, là Elsa Morante, Jane Austen, Svetlana Alexievitch et toutes les autres.

Peintre, tu assignes à ton œuvre la portée d’une inscription collective. Tu travailles l’envers du regard, de l’existence et de l’histoire, malgré les déchirures et malgré l’irreprésentable, tu les retournes à l’endroit grâce aux écrits de toutes ces femmes dont tu assures l’inscription de la présence, la transcription des mots, l’éruption dans l’image. »

Louise Déry, « Tant de femmes, temps des femmes », op. cit., p. 99.

2013-2014

Les grandes romancières

« nouveau chantier
réseau de réseaux
entre lignes, entre forces, entre elles
jeunes et moins jeunes
auparavant et asteure et à une heure avancée enchevêtrées
celles-là
en chœur
tissées serrées
voisines
vibrantes
recommençons de plus belle »

Gisèle Trudel, « Remuer les formes », op. cit., p. 105.

2015-2016

Avec André-Line B.: petit Jésus

« J’ai reçu trois films dont on dit que ce sont des documentaires. Trois princesses, Le petit Jésus et Panache. Des princesses, un Jésus, des gars avec des fusils. Dit ainsi, on se croirait presque sous les projecteurs d’Hollywood! Mais, justement, il n’en est rien. Nous entrons dans une autre violence, le monde des sans histoire. Bout du chemin, bout du rouleau, à bout. Brisé. Bouleversant. Dur et fragile à mort. Mais… c’est nous autres tout ça!

Ces films, je les ai regardés en boucle, jusqu’à n’en plus voir et, à ce jour, je ne comprends toujours pas comment ils avaient pu m’échapper. »

Monique Régimbald-Zeiber, « Aller vers ce qui est fragile », op. cit., 228 p.

2016-2019

Série Filles tassées

« Texte et paroles se conjuguent
et se dénouent bleu ciel et rouge sang

Silencieuses, elles, elles
tissent, cousent et tricotent
des plans colorés fabuleux
qui nous abrient et nous réchauffent. »

Cynthia Girard-Renard, « Nature morte écarlate », op. cit., p. 91.

2013-2016

Avec les autres…

« dans l’atelier
sirènes pépiements cricris jappements et rires de petits ricochent
traversent son silence de pièce qui t’attend
avec l’obsédante
que tu lis recopies découpes couds relis traces épingles emballes détruis et reprends
elle qui te relance
dans l’épuisement des matériaux
– acrylique toile de coton livres épingles encre toile de lin stencil gesso papier Arches – et leurs dimensions variables »

Johanne Jarry, op. cit., p. 87.

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