À l’hiver 2020, le Musée d’art de Joliette offre à Monique Régimbald-Zeiber sa première exposition rétrospective. Composée d’œuvres des années 1980 à aujourd’hui, cette exposition fait apparaître le fil conducteur d’une carrière élaborée sous le signe de la conversation. Les ouvrages et les heures est par la suite accueillie au MA – Musée d’art (Rouyn-Noranda) et au Musée du Bas-Saint-Laurent (Rivière-du-Loup).
Commissaire : Anne-Marie St-Jean Aubre
1er février au 6 septembre 2020
Musée d’art de Joliette
Joliette (QC)
En tournée
26 mars au 16 mai 2021
MA – Musée d’art
Rouyn-Noranda (QC)
8 octobre 2021 au 30 janvier 2022
Musée du Bas-Saint-Laurent
Rivière-du-Loup (QC)
Le catalogue Monique Régimbald-Zeiber: les ouvrages et les heures… et les restes est publié à l’occasion de l’exposition par le Musée d’art de Joliette, MA – Musée d’art de Rouyn-Noranda et les Éditions les petits carnets
De la cuisine à la chambre à coucher en passant par l’atelier – version contemporaine de la « chambre à soi » –, Monique Régimbald-Zeiber explore les lieux et les mots associés à la vie des femmes dans des œuvres picturales qui s’apparentent à des conversations. Connue pour son engagement dans les milieux de l’art, de l’enseignement et de la recherche, elle a une carrière en peinture qui s’étend sur plus de trente-cinq ans. Sa démarche trouble l’histoire du formalisme québécois en peinture en y insérant des références au corps et à la réalité des femmes, décrites par les femmes. Son intention : donner une présence visible à leurs histoires, souvent réduites à l’anecdote ou aux faits divers, en cherchant à « figurer autrement ». De Marguerite Bourgeoys à Annie Ernaux, en passant par Jane Austen, Naomi Fontaine, Nicole Brossard et Agnes Martin, parmi d’autres, les langues et les époques se rencontrent au-delà des frontières dans des tableaux qui élargissent le concept d’abstraction en l’appliquant autant à la langue qu’à la peinture. Les mots, dans leur rapport au réel, ne reposent-ils pas eux aussi sur un système de conventions qui ne leur garantissent un sens que par l’apprentissage? Ou, au contraire, parce qu’ils ramènent à l’esprit l’image de la réalité qu’ils convoquent, les mots ne seraient-ils pas plutôt des outils au service de la représentation? Toujours en équilibre sur la fine ligne entre abstraction et figuration, le travail de MRZ combine de manière singulière littérature et peinture en traitant les mots en images et en abordant la composition picturale comme une syntaxe.
Les termes liés au corps et au sexe des femmes ou ceux qui servent à les interpeller, tirés des registres du comestible et de l’animal, les réduisent au statut d’objets à consommer et à posséder. Ces glissements, du mot à l’image et de l’image au mot, infiltrent nos imaginaires en les pétrissant de connotations péjoratives. En réponse, sont choisis et copiés des écrits de femmes qui s’incarnent dans l’urgence d’une prise de parole. Leurs mots sur l’inceste, le féminicide, l’avortement, le silence, l’abandon, mais aussi leur résilience et leurs actions, rappellent l’importance, aujourd’hui encore, d’assumer une position intraitable devant le scandale du sort toujours réservé aux femmes. MRZ réunit en un chœur des voix dispersées qui parlent des chemins parcourus et de ce qui reste à parcourir. Cette première exposition rétrospective, rassemblant des œuvres des années 1980 jusqu’à aujourd’hui, fait apparaître le droit fil d’une carrière élaborée sous le signe de l’échange, de la communication et de la communauté.
Anne-Marie St-Jean Aubre, conservatrice de l’art contemporain, Musée d’art de Joliette
Diffusée en direct le 27 juillet 2020
Musée d’art de Joliette
50 minutes
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Extrait du catalogue
Les ouvrages et les heures… et les restes
p. 112-117