Peaux et mots : tablée

2000-2019

Des peaux et des mots

La grande question : Quoi écrire?

Quand on n’est pas écrivain, quand le texte est quelque chose qui cherche à se matérialiser.

D’abord les mots et la langue.

J’ai commencé, timidement avec des mots appelons-les conventionnellement des broderies ou des tatouages sur des tableaux/peaux/tissus.

Des mots du quotidien.

Nature morte, cuisine, petites choses. Les mots et les femmes de Marina Yaguello.

Examiner la langue de plus près: la familiarité, la tendresse et l’insulte, l’humour etc….

« D’entrée de jeu, tracés sur de petites toiles colorées, des mots nous happent, impassibles, mais meurtriers. Un ordre est adressé : TA GUEULE, _ réduction au silence. L’invective est franche: HUÎTRE, STEAK, VEAU, DINDE, _ réduction à la chair. Insidieux, le ton est donné. – Toi, là.

[…] Tu seras à la cuisine, au mieux, au tressage du grand tapis rond qui accueille les visiteurs, juste derrière la cloison. Tresse, tresse avec tout ce qui te tombera sous la main: cuillères de bois, torchons, carrelages, nappes.

[…] Parle donc, parle moins, parle un peu plus fort. Finis tes phrases. «Change de ton, l’huître!» «Souris, la morue!» Ce ne sont toujours que des mots mais, à l’occasion, ils tuent. Alors, empare-toi d’eux, quels qu’ils soient, et tords-les, tresse-les, détourne-les, dissimule-les entre les fibres de la nappe. Illisibles, ils seront tes agents doubles et s’infiltreront ici et là. »

Nicole Jolicoeur, « COUPs DE GUEULEs », dans Anne-Marie St-Jean Aubre, Monique Régimbald-Zeiber et al. Les ouvrages et les heures… et les restes, 2020, Joliette, Rouyn-Noranda et Montréal : Musée d’art de Joliette, MA – Musée d’art de Rouyn-Noranda et Éditions les petits carnets, p.95.

« Deuxième arrêt sur image: Des peaux et des mots

Les surfaces de la toile imitant les linges de maison tissés changent de contexte, préférant l’atelier comme espace de création. Et puis les mots qui nomment les motifs des natures mortes se détachent à leur tour, sont isolés sur des tableautins, et leurs quadrillés aux coloris sanguinolents cernent des noms comme «steak», «huître», «boudin», «lapin», «bœuf», «veau». Le verbal prend le relais de la représentation tandis que les lignes, les bandes verticales et horizontales se multiplient, se croisent de plus en plus. »

Francine Paul, «Le poids des images et des mots», op. cit., p. 83.

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