1998-2000

Des peaux et des mots

Y a-t-il une langue des femmes (c’est-à-dire une pratique langagière spécifiquement féminine?)?  Quels sont les rapports des femmes au discours scientifique? À la langue savante? À l’argot? Au langage obscène? Si parole=pouvoir, est-ce que prendre la parole, c’est prendre le pouvoir ou bien la parole des femmes s’apparente-t-elle davantage à la puissance qu’au pouvoir?  (…) Mais il faut admettre que la langue commune, la langue dominante, est avant tout celle des hommes (…)  La place de la femme dans cette langue est le reflet de sa place dans la société.

Marina Yaguello, Les mots et les femmes, 1978, Paris: Petite bibliothèque Payot / Documents, p. 10

Acrylique sur toile
Des dizaines de tableautins de dimensions variées 

Collections

Poudre (1998-1999), Sel (1999) et Gratin (1999) dans la Collection du Musée national des beaux-arts du Québec
(2001.89-91)

La farce (vers 2000) dans la Collection du Musée d’art de Joliette
(2020.152.1-5)

Collections particulières

Collection de l’artiste

Historique d’exposition

2020-2022 – Les ouvrages et les heures, exposition individuelle au Musée d’art de Joliette (1er février – 6 septembre 2020), circulation au MA – Musée d’art de Rouyn-Noranda (26 mars – 16 mai 2021) et au Musée du Bas-Saint-Laurent (Rivière-du-Loup, 8 octobre 2021 – 30 janvier 2022), commissaire : Anne-Marie St-Jean Aubre

2003 – Et toutes elles réinventent le monde…, exposition de groupe à Le 19 – Centre régional d’art contemporain, Montbéliard, commissaire : Philippe Cyroulnik

2000 – Menu, exposition individuelle à Montréal Télégraphe, Montréal

Publication

Anne-Marie St-Jean Aubre, Monique Régimbald-Zeiber et al. Les ouvrages et les heures… et les restes, 2020, Joliette, Rouyn-Noranda et Montréal : Musée d’art de Joliette, MA – Musée d’art de Rouyn-Noranda et Éditions les petits carnets, 131 p.

Philippe Cyroulnik, Et toutes elles réinventent le monde…, 2003, Montbéliard: Le 19, 80 p.

 

D’entrée de jeu, tracés sur de petites toiles colorées, des mots nous happent, impassibles, mais meurtriers. Un ordre est adressé : TA GUEULE, _ réduction au silence. L’invective est franche: HUÎTRE, STEAK, VEAU, DINDE, _ réduction à la chair. Insidieux, le ton est donné. – Toi, là.

[…] Tu seras à la cuisine, au mieux, au tressage du grand tapis rond qui accueille les visiteurs, juste derrière la cloison. Tresse, tresse avec tout ce qui te tombera sous la main: cuillères de bois, torchons, carrelages, nappes.

[…] Parle donc, parle moins, parle un peu plus fort. Finis tes phrases. «Change de ton, l’huître!» «Souris, la morue!» Ce ne sont toujours que des mots mais, à l’occasion, ils tuent. Alors, empare-toi d’eux, quels qu’ils soient, et tords-les, tresse-les, détourne-les, dissimule-les entre les fibres de la nappe. Illisibles, ils seront tes agents doubles et s’infiltreront ici et là.

 

Nicole Jolicoeur, « COUPs DE GUEULEs », p. 95

Dans Anne-Marie St-Jean Aubre, Monique Régimbald-Zeiber et al. Les ouvrages et les heures… et les restes, 2020, Joliette, Rouyn-Noranda et Montréal : Musée d’art de Joliette, MA – Musée d’art de Rouyn-Noranda et Éditions les petits carnets, 131 p.

La grande question : Quoi écrire?

Quand on n’est pas écrivain, quand le texte est quelque chose qui cherche à se matérialiser.

D’abord les mots et la langue.

J’ai commencé, timidement avec des mots appelons-les conventionnellement des broderies ou des tatouages sur des tableaux/peaux/tissus.

Des mots du quotidien.

Nature morte, cuisine, petites choses. Les mots et les femmes de Marina Yaguello.

Examiner la langue de plus près: la familiarité, la tendresse et l’insulte, l’humour etc….

Deuxième arrêt sur image: Des peaux et des mots

Les surfaces de la toile imitant les linges de maison tissés changent de contexte, préférant l’atelier comme espace de création. Et puis les mots qui nomment les motifs des natures mortes se détachent à leur tour, sont isolés sur des tableautins, et leurs quadrillés aux coloris sanguinolents cernent des noms comme «steak», «huître», «boudin», «lapin», «bœuf», «veau». Le verbal prend le relais de la représentation tandis que les lignes, les bandes verticales et horizontales se multiplient, se croisent de plus en plus.

 

Francine Paul, «Le poids des images et des mots», p. 83

Dans Anne-Marie St-Jean Aubre, Monique Régimbald-Zeiber et al. Les ouvrages et les heures… et les restes, 2020, Joliette, Rouyn-Noranda et Montréal : Musée d’art de Joliette, MA – Musée d’art de Rouyn-Noranda et Éditions les petits carnets, 131 p.

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